1. Clarifier ses propres besoins et motivations
C’est le préalable à toute association : être au clair avec soi-même, et en capacité de formuler ses attentes, ses aspirations, ses valeurs et ses limites. Place à l’introspection ! Prenez-le temps qu’il faut, écrivez, dessinez votre ferme idéale… Précisez aussi ce que vous attendez du groupe pour construire ce projet. Ce premier temps vous permet de distinguer ce qui est essentiel pour vous de ce qui l’est moins. C’est le premier pas vers un lâcher-prise possible et la recherche de compromis efficaces lors de la mise en commun avec le groupe.
Faites-vous accompagné.e.s dans ce temps d’introspection !
Des structures vous aident à cadrer ce travail, qui n’est pas si simple. Rapprochez-vous des organismes de formation agricole près de chez vous, ou bien n’hésitez pas à contacter l’ATAG (Association Tarnaise pour l’Agriculture de Groupe) spécialisée sur ces sujets depuis 26 ans, l’Université du Nous ou bien le réseau des CIVAM (Centre d’Initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural).
Retrouvez dans les ressources utiles sur La Grange le questionnaire « Analyse des besoins individuels » à télécharger pour vous guider dans votre cheminement personnel :
Anticipez ces sujets qui divisent le plus souvent des collectifs
Vivre ou ne pas vivre sur la ferme
Vit-on sur la ferme ? Partage-t-on des bâtiments d’habitation ? Quelles sont les contreparties si tout le monde n’y vit pas (charge mentale, astreintes, loyer, temps de trajet…) ? Qu’attend-on des personnes du collectif qui vivent sur la ferme sans y travailler ?...
Partager ou ne pas partager les revenus
Comment définir un juste revenu pour chacun, en fonction du temps passé, de l’apport de chaque atelier à la visibilité du collectif et à la rentabilité de la ferme…
Posséder ou ne pas posséder le foncier
Souhaite-t-on louer ou posséder le foncier ? Comment gère-t-on les prises de décision si l’un ou l’une des membres du groupe possède le foncier, et pas les autres ?
Apporter ou non le même investissement de départ
Que met-on sur la table au départ pour lancer le projet ? Comment rééquilibrer si les apports ne sont pas les mêmes ? À quelle échéance ?
Ouvrir ou ne pas ouvrir le collectif
Quelles sont les conditions d’entrée du collectif ? Les nouveaux arrivants ont-ils le même pouvoir de décision que les « pionniers » ? Et les conditions de sortie ? Y a-t-il une durée minimum pour faire partie du collectif ? Dans quelles conditions peut-on en partir avant ?
2. Construire une vision commune, à l’épreuve de la réalité
Après un temps d’introspection et de prise de hauteur, c’est le moment de se confronter à la réalité… et de voir si nos idéaux sont compatibles avec ceux des autres membres du collectif.
En cas de différences ou désaccords, demandez-vous :
- Quels sont les points sur lesquels je ne suis pas prêt.e à faire de concession ?
- Quel est l’élément central de ma ferme idéale ?
Repassez en revue les critères de vos fermes idéales, et vérifiez que vous pouvez dégager une vision et des valeurs communes, au nom du collectif. Soyez le plus précis.e possible, évitez les approximations… le diable se cache toujours dans les détails.
👉 Cette étape aboutit à la rédaction d’une charte commune.
Comment ça se passe à la Ferme de Trévero ?
Des choix de raison pour construire un collectif sur la durée
Dans cette ancienne ferme laitière de 90 hectares dans le Morbihan, deux associés, Benjamin et Régis, conduisent aujourd’hui des ateliers d'élevage en plein air (bovins, porcs et poules), de céréales, transformation farines/huiles et vente à la ferme. S’ils veulent à terme travailler en collectif avec d'autres associé.e.s, ils fondent le dimensionnement actuel de leur ferme sur des principes de réalité :
_ commencer par construire à deux une ferme saine techniquement et économiquement, pour qu’elle puisse à terme accueillir dans de bonnes conditions d’autres associé.e.s. En attendant, le choix du salariat apparaît comme une bonne solution pour mettre en place le projet technique, expérimenter la dimension collective du travail sur la ferme, et créer de l’activité en milieu rural ;
_ choisir de louer le bâti et les terres auprès d’une foncière agricole, plutôt que de les acheter. Le but : dédier leurs capacités d’investissements de départs aux seuls moyens productifs (matériels, trésorerie etc.), mais aussi simplifier les processus d’entrée et de sortie des futur.e.s associé.e.s. Il n’y aura en effet pas besoin de céder ou de racheter des parts du foncier.Voir le replay du webinaire avec la Ferme de Trévero
Quelle structure juridique est faite pour vous ?
Retrouvez notre Guide Choisir son statut agricole pour y voir plus clair entre les différents statuts (GAEC, SAS, EARL, …) et prendre des décisions adaptées à votre projet.
3. Établir les règles de fonctionnement du groupe
Prenez le temps de rédiger un document fédérateur pour :
- définir la place et le rôle de chacun ;
- affiner la vision du groupe ;
- préciser les règles de partage du travail, des responsabilités, des décisions, des informations, du revenu… et de tout ce que vous souhaitez mettre en commun.
Ce document sera votre « règlement intérieur ». Vous pourrez y revenir en cas de doute ou désaccord… ce qui arrive même aux meilleur.e.s !
Comment ça se passe à la Ferme des Volonteux ?
On commence par travailler dans les ateliers des autres
Dans cette ferme de 10 associé.e.s et 15 salarié.e.s, avec 30 ha en polyculture élevage dans la Drôme, le processus d’entrée des futurs associé.e.s est radical : pendant trois mois, les personnes travaillent dans tous les ateliers de la ferme (maraîchage, grandes cultures, arboriculture, élevage, magasin, friperie, …) excepté celui pour lequel ils sont venus travailler.Le but :
_ connaître tous les ateliers de la ferme pour être en capacité de prendre des décisions justes pour l’ensemble de la ferme ;
_ valider l’aspect humain et le partage des valeurs du collectif ;Ce processus fait ses preuves et est étendu à tous les nouveaux salariés de la ferme, sur une période d’immersion plus courte (quelques semaines plutôt que quelques mois).Voir le replay du webinaire avec la Ferme de Volonteux
4. Cultiver les relations
Vous êtes lancés sur de bonnes bases… mais ce n’est pas fini ! Un bon collectif est un collectif qui communique sur la durée, qui prend soin de ses membres dans une attention régulière si ce n’est quotidienne. Pour cela, n’hésitez pas à :
- Fixer un cadre aux décisions collectives ;
- Conduire des réunions constructives et conviviales (moment informel de la « météo du jour », désigner à tour de rôle une personne qui sera garante de l’ordre du jour, du respect du temps alloué à la réunion, de la prise de décisions à prendre et du compte-rendu…) ;
- Opter pour des principes simples de communication – et s’y tenir (ne pas couper la parole, donner la possibilité à chacun de s’exprimer, …) ;
- Apprendre à gérer les désaccords, définir une démarche en cas de conflit ;
- Vérifier régulièrement que les bases de construction du collectif sont toujours validées par chacun de ses membres.
Comment ça se passe à la Ferme des Clos ?
La communication est la clé de voûte du collectif
La Ferme des Clos est une ferme de 100 ha en agroforesterie située dans les Yvelines. C’est une structure collaborative réunissant 7 associé.e.s, ayant chacun une entreprise individuelle pour leurs ateliers respectifs (maraîchage, culture de houblon, poulets de chair, apiculture et arboriculture). Après quatre ans de pratique du collectif, les associé.e.s en ont bien conscience : la communication est la clé.
« En collectif, il est primordial d’exprimer clairement qui l’on est, d’où l’on vient, comment chacun souhaite s’impliquer dans le collectif… et le faire avec ce que l’on est et pas ce dont le lieu a besoin » conseille Johann Laskowski, houblonnier à la Ferme des Clos dans notre webinaire Les Voix du terrain. La Ferme a aussi choisi de faire appel à l’Université du Nous, cabinet spécialisé dans l’intelligence collective, pour les conseiller et les aider à résoudre certaines tensions.
Le collectif se réunit par exemple une demi-journée toutes les deux semaines, afin de consolider cet aspect humain, mais aussi de prendre ensemble des décisions techniques pour la ferme. En effet, attention à ne pas perdre de vue que le collectif est aussi une entreprise partagée, dont on doit assurer la viabilité technique et économique. Voir le replay du webinaire avec la Ferme des Clos
Vous cherchez un collectif ?
FEVE a créé une communauté de porteurs et porteuses de projet grâce à La Grange. Sur le Discord, vous pouvez présenter votre projet et échanger avec des personnes qui souhaitent s'installer dans les 5 ans à venir. Rejoignez le mouvement !
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- Livre : Ferme collective, le Guide très pratique - Maëla Naël - Éditions France Agricole 👉 Pour se le procurer
- Alterfixe : Des camps immersifs pour installer des collectifs agricoles 👉 Découvrir l'asso