Motif d'espoir : Atteindre 21% de surface en Bio en 2030, c'est possible !
C'est l'excellente étude de la Fondation pour la Nature et l'Homme et de Solagro qui le démontre, et dont je me fais le rapporteur ici ! 😊
Le marché du bio en France d'hier à aujourd'hui
- L'Agriculture Biologique s'est développée en France à partir des années 70 et a acquis sa reconnaissance avec son propre label "AB" en 1985. Pas étonnant qu'elle traverse une petite crise de la quarantaine, ça arrive à d'autres et elle en ressortira grandie ! 😅
- Le Règlement Européen ("la feuille") existe quant à lui depuis 1991.
- Elle représentait 3% des surfaces et 3,9% des exploitations en 2010, puis 10,7% des surfaces et 14,2% des exploitations en 2022, ainsi que 16,3% des emplois (200k personnes).
- Malgré les discours actuels un peu moroses, la décennie 2010-2020 a été une belle période de croissance continue pour le Bio (voir image).
- En 2022, la baisse des surfaces en conversion Bio s'est accentuée (450 000 ha au lieu de 600 000 ha en 2020-2021).

Les raisons de la crise du bio actuelle
Un problème de débouchés, alimenté par trois facteurs principaux :
- Le facteur Prix : dans un contexte récent de forte inflation et de pouvoir d'achat réduit, 83% des Français évitent les produits Bio car ils pensent qu'ils sont plus chers.
- Une étude de l'UFC-Que Choisir révèle que 46% du surcoût du Bio est imputable aux sur-marges de la grande distribution !
- Un manque de confiance et d'information sur les impacts positifs des produits issus de l'AB (la confiance est évaluée à 6,1/10 !).
- La concurrence des autres labels, notamment le HVE, qui a semé une confusion en laissant entendre - à tort - que des produits pouvaient être vertueux en étant bien moins chers.
La part actuelle du Bio en consommation en France
- 7% des achats en restauration collective (alors que la loi EGALIM fixe un objectif à 20%).
- 1% en restauration commerciale (qui ne joue pas du tout le jeu).
- 5,7% en consommation à domicile.
La situation ailleurs en Europe
D'autres pays montrent que ce n'est pas une fatalité :
- Suède : 33% de Bio en restauration collective (déjà en 2016 !) avec un objectif à 60% en 2023.
- Danemark : 13% en consommation à domicile et en Autriche : 11%.
- Notre comparable, ce sont les US, plutôt que les pays qui montrent la voie en Europe. Pourquoi ? car jusqu'à présent, le soutien à la Bio s'est fait par la production uniquement, alors que certains pays comme le Danemark ont mis en place très tôt (1995 !) une démarche "Push-Pull" (Production - Demande).L'Agence bio a été dotée d'un budget de 8M€ en 2024 pour communiquer (ce qui est extrêmement bienvenu), mais cela part du postulat qu'il suffit de communiquer pour stimuler la consommation... L'étude conclut cette partie en expliquant que si l'on veut avoir une influence, on devrait réguler l'aval (Grande Distribution et ses sur-marges, les Collectivités en retard sur EGALIM, etc).
La feuille de route : atteindre 21% en 2030
Grâce à la modélisation de Solagro, voici les quatre étapes :
- Appliquer la loi EGALIM tout simplement pour passer immédiatement de 10,7% à 12% en AB, sans changement pour la consommation à domicile et la restauration commerciale (Facile !).
- Ensuite en mobilisant toute la RHD, c’est à dire en ajoutant restauration commerciale à 20% de Bio, on atteindrait 14% des surfaces
- Retour à la consommation de 2020 (6,5% des achats Bio par les particuliers) : objectif 18% des surfaces d’ici 2027.
- Objectif final : 21% des surfaces → 20% de toute la restauration hors domicile + 7,8% en consommation à domicile.
Mes convictions
- On parle beaucoup de la crise, en pensant que tout est foutu… moi le premier ! Pourtant, il y a 3-4 ans, le Bio était encore en pleine croissance.
- La France ne défend pas sa filière Bio, contrairement à d'autres pays européens. Arrêtons de faire comme si c'était impossible !
- Il y a certes des défauts d'information, et des problèmes de pouvoir d'achat, mais la confusion des labels en est grandement responsable. Si on sifflait la fin de la récrée avec HVE, et surtout le marketing à tout va de l'agro-alimentaire, on y verrait sûrement un peu plus clair.
- La grande distribution doit changer sa politique pour offrir une vraie rémunération aux acteurs du Bio
- La restauration commerciale : 42 centimes de plus pour des ingrédients bio… Ce n’est pas un sujet quand la moindre bouteille de vin coûte 25 euros, si ?
- Les solutions existent mais il faut soutenir les débouchés, sinon comment en vouloir aux agriculteurs d'avoir peur de se lancer en Bio ?
- Pour soutenir la demande, il faudrait déjà arrêter de voter des lois (EGALIM) qu’on ne fait même pas appliquer.
Bref, un peu d’ambition !