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Mis à jour le

19/11/2024

Installation agricole

Guides Métiers

S’installer en élevage bovin laitier

Devenir éleveuse ou éleveur de vaches laitières ne s’improvise pas. Le métier requiert de nombreuses qualités, connaissances et compétences, découvrez-les dans ce guide.

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Sommaire

Devenir éleveuse ou éleveur de vaches laitières ne s’improvise pas. Le métier requiert de nombreuses qualités, connaissances et compétences, mais surtout de la passion ! Ce guide vous éclaire pour découvrir les caractéristiques et rythmes du métier, les formations nécessaires, le parcours à l’installation et enfin les aspects techniques et économiques de l’élevage bovin laitier.

Sommaire

Le métier d’éleveur laitier

Les caractéristiques du métier

Plus de 53 000 fermes détentrices de vaches laitières en 2020 dessinent le paysage agricole français. La Bretagne, la Normandie, les Pays-de-la-Loire et l’Auvergne-Rhône-Alpes représentent à eux quatre plus de la moitié du cheptel laitier. La race prédominante est la Prim’Holstein (31% du cheptel bovin français et 60% du cheptel laitier), suivie par la Montbéliarde et la Normande (Institut de l'Elevage, 2022).

Il est évident que le métier d’éleveuse ou éleveur bovin doit d’abord rimer avec un intérêt fort pour les vaches. Il existe de nombreuses races avec leurs caractéristiques physiques et comportementales. Chaque éleveur peut faire le choix d’une ou plusieurs races, selon ses affinités et selon le territoire choisi pour son installation en bovin lait.

Même si le métier d’éleveur s’exerce sur son exploitation agricole, il n’en est pas moins que c’est un métier qui amène à travailler en collectif. Les travaux de récolte notamment, mais aussi dans certaines régions les montées en estives, suscitent des rassemblements et du soutien entre agriculteurs.

En 2019, près de la moitié des éleveurs laitiers ont plus de 50 ans. Seuls 25% des éleveurs de vaches laitières ont moins de 40 ans. (Institut de l'Elevage, 2022) Ces chiffres illustrent la très forte probabilité de baisse du nombre d’éleveurs dans les années à venir. Les profils des futurs jeunes agriculteurs sont très variés : du fils/fille d’éleveur au néo-rural, en passant par des reconversions professionnelles. Il n’en est pas moins vrai que la typologie de la population rurale de demain se joue dès aujourd’hui !

© Photo : MaLuherne56

Le quotidien et les rythmes saisonniers

La profession laitière est éloignée du rythme de travail des 35 heures du monde salarié classique. L’astreinte de la traite, l’alimentation et la surveillance des animaux nécessitent une plage horaire quotidienne élargie et une disponibilité pendant les week-ends et jours fériés.

La journée d’un éleveur laitier commence tôt tous les matins (entre 06h et 08h généralement) par la traite et l’alimentation des animaux. S’en suivent le paillage et les soins aux veaux. La matinée est souvent coupée par une pause-café bien méritée après un lever matinal. Le reste de la journée est rythmé selon les saisons par les travaux aux champs (semis, travail du sol, épandages, récoltes), par l’entretien du matériel et des bâtiments, par les rencontres et les visites avec les partenaires (marchands de bestiaux, techniciens…) mais aussi la gestion administrative. Certains éleveurs ont aussi des activités professionnelles complémentaires, comme des fonctions de trésorier en CUMA, ou bien administrateur dans une association de soutien aux agriculteurs en difficulté. Quand vient la fin de journée, la traite se met en place (entre 16h et 18h généralement) avec l’alimentation et la surveillance du troupeau.

Moins d’un tiers des exploitations laitières sont gérées par une seule personne. La majorité des exploitations en bovin lait est gérée par 2 associés à temps complet. Parmi elles, 34% n’emploient pas de salarié mais font appel à du bénévolat et 17% emploient un ou plusieurs salariés. (Institut de l'Élevage, 2010) Il est ainsi très courant d’exercer seul ses activités quotidiennes, sauf la traite qui est souvent réalisée à deux selon la taille du cheptel.

La réalisation de la traite change peu en cours d’année (sauf situations de monotraite ou vêlage groupé). En revanche, l’alimentation permet d’adapter les horaires de travail. Le travail d’astreinte annuel de la filière bovin lait est de 2992 heures (58h / semaine), avec un écart-type allant de 1800 heures à presque 5000 heures. (Institut de l'Elevage, 2010)

Pour un troupeau moyen de 40 vaches traites, le temps d’astreinte hivernal est estimé à 47 heures par semaine, réparties selon : 50 % pour la traite, 29% pour l’alimentation, 7% pour les soins aux veaux et 14% pour le raclage et paillage. Au printemps, le temps d’astreinte peut diminuer à 35 heures hebdomadaires. Le temps passé à alimenter et pailler les animaux est réduit à 45 min par jour, au profit d’1h20 de gestion du pâturage. (Chambres d'agriculture de Bretagne, 2008)

À noter que les fermes avec une traite robotisée ont un temps de travail global moyen annuel très proche (-3%) de celui des exploitations non robotisées. Cela s’explique par une productivité de la main-d’œuvre plus élevée malgré une main-d’œuvre plus faible (-19%). (Institut de l'Elevage, 2022) 

Au cours de l’année, le rythme de travail change. Le travail dit « de saison » est de 148 jours dans l’année, dont la moitié est consacrée aux travaux des surfaces fourragères (semis, récolte des prairies et maïs principalement).

Le travail administratif est un aspect du métier à ne pas négliger. Souvent considéré comme improductif par certains, par opposition aux travaux auprès des animaux ou des cultures, il n’en demeure pas moins essentiel. Les chefs d’entreprises agricoles peuvent faire des choix d’organisation différents :

  • Externalisation : les tâches administratives telles que la comptabilité, la gestion des dossiers règlementaires, ... sont réalisées par des prestataires extérieurs
  • Spécialisation : un associé de la ferme se spécialise dans cette activité. Le temps accordé ne doit pas être minimisé.
  • Formalisation : considérant le travail administratif comme activité essentielle sur la ferme, certains agriculteurs externalisent certains travaux des champs pour pouvoir se libérer du temps pour l’administratif.

Les différents systèmes d’élevage

Selon vos objectifs, vos envies et votre sensibilité d’éleveuse ou d’éleveur, la ferme que vous allez créer ou reprendre sera différente de toutes les autres. Chaque ferme est unique, même si le système d’élevage que vous mettrez en place caractérisera la typologie de production.

L’Institut de l’Elevage distingue les exploitations bovines laitières en 6 typologies :

  • Agriculture biologique
  • Système herbe de plaine 
  • Système herbe maïs de montagne
  • Système maïs de plaine
  • Système herbe de montagne
  • Système herbe maïs de plaine

Ces systèmes sont caractérisés selon le type de fourrages produits majoritairement afin de nourrir le troupeau et selon le niveau de production des vaches. Un autre critère de classement est l’adhésion au label agriculture biologique. Au sein de ce système « AB », il est possible de trouver d’autres déclinaisons de systèmes d’élevage : bio tout herbe, bio en vêlages groupés, bio avec maïs et mélange céréalier, etc.

🦔 Et en agroécologie ?

Le système herbager extensif prédomine en agroécologie. Un tel système permet de bons résultats économiques grâce à un mode de production autonome et fait attention au respect de l’environnement (équilibre de la balance azotée, réduction des émissions de GES grâce à l’autonomie alimentaire et à une gestion optimisée des prairies stockeuses de carbone). De plus, il rend des services écosystémiques en valorisant la diversité végétale des prairies, en entretenant le paysage et en fournissant des produits de qualité aux consommateurs.

Ces typologies illustrent des systèmes différents mais représentatifs des conduites du troupeau et des cultures. Dans chacune des typologies, sont décrits de manière précise les schémas troupeaux, la répartition des surfaces, les principaux résultats techniques et économiques.

La ferme française laitière moyenne regroupe les caractéristiques suivantes :

 

 

Les formations pour devenir éleveur bovin lait

Quel diplôme et quelles expériences ?

Le métier d’éleveur laitier nécessite de nombreuses compétences dans des domaines variés. Il est fortement recommandé de se former sur les aspects techniques, économiques et financiers du métier de chef d’exploitation agricole. En amont de l’installation, se former est primordial afin d’avoir un maximum de cordes à votre arc pour se lancer dans votre nouvelle vie.

Diplômes agricoles

Le diplôme minimal pour bénéficier des principales aides à l’installation est le Bac Professionnel « Conduite et Gestion de l’Exploitation Agricole » (BP CGEA) ou le Brevet Professionnel « Responsable de l’Exploitation Agricole » (BP REA). La liste des diplômes contribuant à la capacité professionnelle est définie par arrêté.

Pour tout savoir sur les formations agricoles, consultez le Guide Formations Agricole ou le webinaire sur les formations Agricoles.

Expériences agricoles

L’expérience professionnelle acquise sur le terrain est la plus formatrice. Multiplier les expériences au sein d’exploitations aux pratiques agricoles différentes est très enrichissant pour une installation

Plusieurs moyens d’acquérir de l’expérience au sein de fermes sont possibles :

  • Des stages : de nombreuses offres sont répertoriées sur le site Stage Agricole
  • Du salariat agricole : selon les périodes de l’année et le domaine recherché, les offres d’emplois saisonniers fluctuent. Des temps partiels sont possibles, tout comme des temps complets répartis sur plusieurs fermes. De nombreuses offres sont répertoriées sur le site L'agriculture recrute ou dans les journaux agricoles locaux.
  • Des espaces-tests : depuis 2012, l’organisme RENETA a créé un réseau national répertoriant les fermes mettant à disposition des espaces-tests agricoles.
  • Des stages de parrainage : si votre projet est une reprise d’une ferme via le Répertoire Départ Installation (RDI), vous pouvez bénéficier d’un stage rémunéré de 3 à 12 mois sur l’exploitation cédante dans un but de transmission progressive.
  • Un stage Paysan Créatif (dans certains départements uniquement) : certains départements proposent une formation de 12 mois composée de sessions collectives, formations individualisées et mise en pratique sur la ferme dans le but de sécuriser l’installation agricole sur un site défini.

Où et comment se former ?

En amont de l’installation

Si vous souhaitez obtenir un diplôme agricole parmi la liste évoquée précédemment, alors renseignez-vous auprès des établissements publics d’enseignement agricole répertoriés sur Educ Agri.

Des organismes et centres de formations privés sont aussi disponibles et ouverts à tous. Une liste non exhaustive est disponible sur Ecole d'agriculture.

En activité

Lorsqu’un agriculteur est installé, il cotise auprès de l’organisme VIVEA qui lui permet d’accéder à des fonds de formations. VIVEA est le fonds d’assurance formation des actifs non-salariés agricoles, qui a pour vocation d’accompagner les chefs d’exploitations dans le développement de leurs compétences en finançant leurs formations professionnelles. La liste des formations proposées aux agriculteurs est disponible en ligne et classée par thèmes et localisations géographiques.

La formation en cours de carrière est aussi largement conseillée. Multiples organismes proposent des formations sur plusieurs thématiques et sous différentes formes (en distanciel, de 1h à +20h, avec d’autres agriculteurs, sur le terrain, en ligne, …).

Comment devenir éleveur ?

Être agricultrice ou agriculteur doit correspondre à l’exercice d’une activité de production végétale et/ou animale, selon le code rural et de la pêche maritime. Cela exclut donc les activités touristiques, de prestations de services agricoles, de pensions d’animaux, … si elles sont exercées seules.

Pour en savoir plus, consultez le guide sur le statut d’agriculteur.

Dimensionner sa ferme 

Il n’y a pas de normes minimales et maximales en termes de taille de cheptel et de surfaces agricoles pour s’installer éleveur laitier. Cependant, les typologies de systèmes d’élevage évoquées en début de guide peuvent vous éclairer.

C’est l’adéquation surface/cheptel/production/revenu qui donne le ton d’une installation. On peut retenir quelques critères techniques nécessaires à la vérification de cette cohérence (exemple basé sur un système laitier 30% de maïs Grand Ouest) :

  • Un chargement 1,4 UGB/ha
  • 7660 L vendus par ha de SFP (Surface Fourragère Principale)
  • 34 ares pâturés par vache laitière
  • 6000 L de lait vendus par ha de SAU
  • 43 ha de SAU par UTH (Unité de Travailleur Homme)

Vous souhaitez connaître le nombre d'UGB de votre cheptel, testez Le Calculateur UGB de La Grange.

🦔 Et en agroécologie ?

En agroécologie, les systèmes d’élevage sont souvent plus extensifs avec des chargements autour de 0,8-1 UGB/ha. La productivité par animal ou par unité de surface est plus faible mais l’économie en intrants permet de rééquilibrer le modèle économique. La valorisation des produits (par la transformation par exemple, ou la vente directe / en circuit court) vient également contrebalancer les rendements plus faibles.

Avant une installation, une étude prévisionnelle technique est fondamentale afin de réaliser un schéma troupeau jusqu’au rythme de croisière, un calendrier de consommation et récolte des fourrages, une projection des charges opérationnelles (alimentation principalement).

Choisir son troupeau

La race adaptée à ses objectifs

Choisir son troupeau démarre généralement par le choix de la race. Il est commun d’avoir une race majoritaire au sein de son troupeau. Parmi les races laitières les plus communes peuvent être citées : 

  • La Prim’Holstein : Cette grande vache reconnaissable à ses grandes tâches noires sur fond blanc est la productrice de lait répandue en France. Sa production moyenne est de 8 500 litres par an, même si certaines vaches à haut potentiel génétique dépassent les 10 000 litres. La conduite alimentaire doit constamment être bien gérée, afin d’éviter les maladies métaboliques pour cette laitière à potentiel de production élevée.
  • La Normande : considérée comme “mixte”, cette vache rustique, à la couleur blanche mouchetée de marron, donne un lait de bonne qualité (matière grasse particulièrement), ce qui la destine notamment à la fabrication de camembert. Connue pour valoriser les surfaces herbagères, elle permet de limiter la consommation des aliments de type concentrés.
  • La Montbéliarde : Cette vache originaire des montagnes de l’Est, reconnaissable à sa robe “pie rouge”, est une productrice laitière moyenne (7 600 litres par an), avec une qualité fromagère exceptionnelle. Son lait est d’ailleurs destiné à la fabrication de nombreux fromages sous signe de qualité AOP.
  • La Jersiaise : très répandue en Australie et en Nouvelle-Zélande, cette petite vache à la robe fauve produit un lait très riche en matières grasses. Elle valorise aussi bien les surfaces herbagères que les aliments de type concentrés. Elle produit en moyenne 5 000 litres de lait par an, avec un taux butyreux de 55,4 g/litre ! 
© Crédit Photo Cottonbro studio

D’autres races sont présentes au sein des troupeaux laitiers français : la Brune, l’Abondance, la Rouge Flamande, la Simmental, la Vosgienne, la Tarentaise… sans oublier les races à effectif menacé comme la Bretonne Pie Noir, la Bordelaise, la Ferrandaise, la Froment du Léon et la Villard de Lans.

Il est tout à fait possible d’élever des troupeaux issus de plusieurs races. La vigilance réside dans les adaptations du bâtiment : places à l’auge, réglages des cornadis et logettes, … afin de permettre à tous les types de morphologies d’y trouver son confort.

Aussi, le croisement laitier peut répondre à une problématique de stratégie d’élevage et de gain économique.

Il est très répandu de saillir une vache laitière avec un taureau typé “viande” (souvent appelé “taureau de rattrapage”). Le but est double : pallier à une infécondité répétée chez la vache laitière, faire naître un veau mieux valorisé à la vente.

Le croisement 3 voies (généralement réalisé entre les races Holstein, Rouge Scandinave et Montbéliarde) est adapté pour les éleveurs souhaitant garder un bon niveau de production laitière, tout en ayant un produit viande favorable, un bon état de santé et de la rusticité. 

🦔 Et en agroécologie ?

Un élevage bovin lait agroécologique peut être composé de différentes races mais les critères de choix ne portent pas sur la maximisation de la productivité par animal. Des races rustiques adaptées aux contraintes locales (relief, faibles ressources végétales, etc.) vont souvent être privilégiées.

Où acheter son troupeau ?

Acheter son troupeau n’est pas chose facile. Même si bon nombre de vaches sont à vendre, il n’est pas toujours aisé de trouver un troupeau répondant à tous ses objectifs (nombre de vaches, race, niveaux de production…). 

Dans le cas d’une installation sur une ferme déjà en bovin lait, les cédants vendent souvent leur cheptel en même temps que leur ferme.

Si vous souhaitez acheter votre propre troupeau, vos recherches peuvent se réaliser : 

  • en ligne, sur les sites de vente spécialisée ou  non : Agriaffaires,  Ter’Elevage, Leboncoin, …
  • les petites annonces dans les journaux
  • auprès des négociants en animaux vivants
  • par le bouche-à-oreilles
  • via des coopératives.

Plusieurs unions de coopérative se sont spécialisées dans la vente et la sélection de races bovines laitières. On peut citer Ouest Génis, Synergie Normande, Bovineo…

Les catalogues des vaches disponibles à la vente sont accessibles en ligne. Chaque vache, quand elle est de race pure, a ses caractéristiques techniques et morphologiques décrites. 

Les risques sanitaires à l’intégration d’animaux au sein d’un cheptel existant, ou le mélange d’animaux issus d’élevages différents sont élevés. Il est ainsi recommandé d’aller voir les vaches avant leur achat, d’exiger de la part du vendeur l’établissement de carte ASDA verte avec mention « Cheptel indemne en IBR et varron », voire même de demander en complément la garantie “cheptel indemne” en paratuberculose, néosporose, FCO, BVD. N’hésitez pas à vous faire accompagner par le GDS (Groupement de Défense Sanitaire) de votre département.

Le budget d’installation

Tout comme la surface et le cheptel à prévoir à l’installation, il n’existe pas de budget d’installation moyen puisque tout dépend du système d’élevage mis en place. Cependant, une étude récente, commanditée par le CER, a mis en avant 1070 € de capital moyen pour produire 1000 L de lait.

Il y a trois grands types de budgets à prévoir :

  • L’actif à reprendre :

- L’installation en forme sociétaire facilite la reprise des capitaux. En effet, lorsqu’un jeune agriculteur intègre une exploitation en société (EARL, GAEC, …), il investit des parts sociales au sein de l’entreprise qui lui donne un « ticket d’entrée » à la hauteur du pourcentage investi sur le capital total.

- L’installation individuelle nécessite près de 224 000 € d'actif / UTH.

- Lorsque la ferme a été récemment modernisée par le cédant, son niveau d'actif est supérieur.

  • La modernisation de l’élevage : L’investissement au sein d’un élevage bovin lait est fondamental pour maintenir à flot les résultats technico-économiques et le confort de travail. En moyenne, 630 €/1000 L sont investis les 3 premières années d’installation,  Sur 100 € investis, 55 € sont destinés pour les bâtiments, 33 € pour le matériel et 12 € pour le cheptel. Le seuil de vigilance d’investissement est annoncé à 800 €/1000 L.
  • Le besoin en fonds de roulement (BFR) : Il est conseillé de disposer d’au moins 80 jours de chiffre d’affaires pour couvrir le BFR et sa trésorerie. Ce point est souvent négligé lors d’une installation, or il est à l’origine d’un bon nombre d’entreprises en difficulté.

La réglementation

Être cheffe ou chef d’exploitation agricole rime avec respect de la réglementation agricole. Celle-ci est complexe et nécessite d’être tenue régulièrement. Le tableau suivant (non exhaustif) résume les principaux documents réglementaires et administratifs à classer et ranger précieusement au sein de l’exploitation agricole :

La technicité des facettes du métier d’éleveur bovin lait

L’alimentation du troupeau

La vache est un ruminant. L’anatomie de son système digestif est sophistiquée et adaptée à la dégradation des végétaux. Elle possède trois pré-estomacs (le réseau, le feuillet et le rumen) et un véritable estomac (la caillette). Le lieu essentiel où se jouent les bonnes digestion et assimilation des aliments est le rumen (aussi appelée la panse).

La physiologie de la digestion est, elle aussi, complexe. Plusieurs mécanismes sont mis en œuvre : mécanique pour la mastication et la rumination, biologique pour une dégradation des aliments dans le rumen, chimique pour le bon fonctionnement de l’estomac.

Explication sur la matière sèche

Un aliment est composé d’eau, de matières minérales et organiques. La quantité de matières « solides » détermine le taux de matière sèche de l’aliment. Il varie beaucoup d’un aliment à un autre. Il n’y a pas de lien entre la matière sèche et les valeurs nutritives (UFL, PDI). En revanche, le taux de matière sèche joue sur la digestibilité et la conservation de l’aliment. Pour l’alimentation des bovins, il est d’usage de parler en taux de matière sèche et non en taux de matière brute en élevage.

Trois catégories d’aliments sont distribuées aux vaches : les fourrages, les concentrés, les compléments minéraux et vitaminiques (CMV).

Pour calculer une ration cohérente en alimentation bovine, il est nécessaire de connaître précisément pour chaque aliment distribué : sa composition chimique, ses valeurs nutritives, son ingestibilité.

Fourrages

Les ruminants sont principalement des consommateurs de végétaux. Grâce à leur système digestif, ils sont capables de dégrader et de valoriser la cellulose contenue dans les fibres végétales.

Environ 80% des aliments consommés par les bovins sont des fourrages : principalement de l’herbe (sous différentes formes) et du maïs ensilé.

Les fourrages constituent la base d’une ration, puisqu’ils apportent à la fois un encombrement du rumen et des valeurs nutritives à l’animal. Ce sont des aliments frais, ou conservés sous différentes formes, constitués des appareils aériens de plantes fourragères cultivées (herbe, maïs, sorgho fourrager, …). On distingue différentes formes de fourrages :

  • Les fourrages verts : pâturage et affouragement en vert
  • Les ensilages
  • L’enrubannage
  • Les foins et les pailles.

🦔 Et en agroécologie ?

En agroécologie, les élevages bovins font la part belle à l’herbe. L’assolement basé autour de l’herbe peut être complémenté par d’autres fourrages annuels ou des mélanges céréaliers (nécessaires en hiver) avec un objectif d’autonomie alimentaire du troupeau.

D’autres aliments, plus rarement distribués en alimentation bovine, peuvent être considérés comme des fourrages, tels que les racines et tubercules : la betterave et la pomme de terre par exemple. Dans la majorité des élevages laitiers, les fourrages sont produits sur la ferme. Il est donc d’autant plus intéressant de maximiser cette part d’utilisation des fourrages dans la ration, pour des raisons économiques et environnementales évidentes.

Zoom sur l’herbe 🔍

Le terme « herbe » signifie peu de choses en alimentation bovine. Quand on pense à l’herbe, il faut être précis et dissocier les graminées des légumineuses.

Les graminées sont des végétaux qui forment des épis. Le blé en est une, mais vous entendrez davantage parler du ray-grass, de la fétuque, de brome, et bien d’autres encore ! Les légumineuses sont des végétaux qui bourgeonnent. On peut citer la luzerne, les trèfles, le lotier, le sainfoin ou encore le pois fourrager. Il est évidemment possible et courant de mélanger graminées et légumineuses. Cela permet d’équilibrer les apports nutritifs mais aussi de tirer profit des qualités agronomiques de chaque plante.

Les graminées et légumineuses peuvent être récoltées sous plusieurs formes.

La plus connue est le foin. Ce n’est ni plus ni moins de l’herbe fauchée et séchée généralement au soleil, dont le taux de MS se rapproche de 90%. Son avantage est d’apporter des fibres efficaces au bon fonctionnement du rumen. L’autre forme très connue est l’ensilage. Les graminées doivent être de préférence récoltées avant épiaison, et les légumineuses au stade de bourgeonnement. Le taux de MS avoisine les 25-30% de MS, il conditionne la bonne conservation et l’appétence. La forme la plus évidente est le pâturage. Du fait de son faible coût, son appétence naturelle, le pâturage apparait comme un apport de fourrage évident en élevage laitier. Une autre forme de récolte à ne pas négliger est l’enrubannage. C’est un intermédiaire entre le foin et l’ensilage. Son taux de matière sèche avoisine les 60%.

De manière générale, les conditions de récolte et le stade de végétation conditionnent la valeur de l’herbe et de son fourrage.

Concentrés

Les concentrés sont des aliments dont les valeurs nutritives sont bien plus élevées que celles des fourrages. Les teneurs en énergie et azote sont fortes, tout comme leur taux de matière sèche, puisqu’il s’agit généralement d’aliments dits secs. Il existe deux familles de concentrés en alimentation bovine :

  • Les matières premières, telles que les céréales, les protéagineux, les graines oléagineuses et les tourteaux.
  • Les aliments composés, qui sont généralement un mélange de matières premières, vendus dans le commerce
  • Les concentrés de type "VL" permettent de compléter et d’équilibrer la ration de base, constituée de fourrages.

Pour l’alimentation des bovins, vous entendrez ainsi parler de « correcteur énergétique » pour les aliments complétant les rations déficitaires en énergie. Les correcteurs azotés corrigent eux les rations déficitaires en azote. Les concentrés de production équilibrent la ration d’un apport énergie/azote.

🦔 Et en agroécologie ?

La recherche d’autonomie alimentaire sur l’exploitation grâce à un bon dimensionnement du troupeau est primordiale lors de la mise en place d’un système extensif, ce qui permet également d’être plus résilient face à la hausse des prix des concentrés. Toutefois, dans un contexte de fortes contraintes (par exemple, environnement défavorable aux cultures), il peut être nécessaire d’avoir recours à l’achat de concentrés pour assurer la production. L’extensivité peut donc s’exprimer à différents degrés. Dans ce cas, le choix de concentrés doit privilégier des concentrés durables.

Eau

Les besoins en eau ne sont pas à négliger. En production laitière, il a été prouvé qu’une restriction de 50% de l’abreuvement fait diminuer de 20% la production de lait !

Un litre de lait contient 870 grammes d’eau. Cette donnée vous montre l’importance de la quantité d’eau à apporter à une vache. Au quotidien, une vache boit en moyenne 110 litres d’eau, selon son gabarit, sa production et sa température.

La consommation en eau d’une vache laitière doit représenter environ 6,85 L d’eau par litre de lait produit. Une vache boit en moyenne 15 litres par minute. Elle se rend environ 7 à 12 fois par jour à un point d’abreuvement.

Un veau, selon son âge et son gabarit, boit entre 10 à 20 litres d’eau par jour.

Hormis la quantité, c’est la qualité de l’eau qui est importante. L’analyse d’eau est un passage obligé, surtout si l’eau est d’origine « privée » (puits, forage). Une analyse d’eau complète est composée de :

  • L’analyse physico-chimique : couleur, odeur, pH, dureté, conductivité, turbidité, carbone organique
  • Le bilan ionique et minéral : concentration en nitrites et nitrates, ammonium, fer et manganèse
  • L’analyse bactériologique (ou microbiologique) : spores bactéries ASR, bactéries coliformes, E. coli, entérocoques et germes

Il est conseillé de faire une analyse d’eau à l’installation puis tous les ans, puisque certains signes cliniques alertent sur une mauvaise qualité de l’eau.

🦔 Et en agroécologie ?

Concilier élevage et gestion de l’eau est une question ardue. Le GAEC des Ferrandaises, lauréat du prix Innovation des trophées de l’agroécologie 2020-2021 a développé un système d’acheminement d’eau dans les parcelles qui permet de remplir les abreuvoirs avec juste la quantité d’eau donc la vache a besoin : grâce à un système de flotteurs, le réseau se referme lorsque la vache a fini de boire. Les abreuvoirs sont situés à des endroits stratégiques en zones ombragées et fraîches pour cibler les zones préférées des animaux et limiter l’évaporation. Pour en savoir plus

Pâturage

92% des vaches laitières françaises accèdent à des prairies de pâturage. 87% pâturent plus de 170 jours par an. (CNIEL, 2018) La durée et la surface de pâturage varient selon le climat, les types de sols, le parcellaire et le système d’élevage. 38% des exploitations laitières françaises font pâturer leur troupeau avec plus de 40 ares par vache. Ainsi, la ration moyenne des vaches laitières en 2017 était de 60% de fourrages conservés, 20% de concentrés, 19% d’herbe fraîche, 1% de minéraux.

Le pâturage a l’avantage de maximiser l’autonomie alimentaire du troupeau et de faire gagner en efficacité technico-économique. Le rendement moyen herbager dans le Grand Ouest de la France est de 6 tMS/ha.

Il existe plusieurs techniques de pâturage :

  • Le pâturage dit « continu » : accès à une grande parcelle enherbée
  • Le pâturage dit « tournant » : accès pendant 2-3 jours sur une parcelle de dimension fixe, dont le temps de retour est d’environ 25 jours.
  • Le pâturage dit « tournant dynamique » : accès pendant un jour sur un paddock d’une surface restreinte pour un chargement élevé

Pour garantir un pâturage efficace, de bons aménagements des chemins d’accès et d’abreuvement et un bon choix des semences sont indispensables.

Ni la traite robotisée, ni les grands troupeaux ne sont des situations rendant impossibles le pâturage. Il est évidemment nécessaire d’anticiper les sorties à l’herbe pour garantir la réussite du pâturage dans ces conditions.

Le pâturage n’est pas sans risque, surtout quand il s’agit de pâturer des trèfles et des luzernes. En effet, le phénomène de météorisation peut surgir. ll s'agit d'une production excessive de protéines solubles par la flore ruminale, suite à l'ingestion de pâturage jeune et riche. Cela crée une mousse qui bloque l'évacuation des gaz du rumen : la vache gonfle et "s'étouffe". Les mesures préventives sont faciles à mettre en œuvre : adapter le circuit de pâturage en donnant accès à des prairies plus diversifiées, laisser monter les trèfles blancs en fleurs, moins météorisants, intégrer des plantes à tanins, maintenir l'apport en sodium, , sortir les vaches avec un fond de panse plein de bonnes fibres (foin).

Ici un cas concret de météorisation chez un éleveur laitier pâturant

©Photo Eva en élevage

La reproduction

La reproduction chez la vache laitière est assez semblable à celle d’un autre mammifère, la femme ! La gestation dure 9 mois. La vache laitière donne généralement naissance à un veau, mais il arrive qu’elle fasse naître des jumeaux et dans des cas plus rares des triplés.

La majorité des élevages bovins laitiers utilisent la technique de l’insémination artificielle pour féconder les vaches. Les taureaux de type laitier sont réputés pour être peu dociles et donc dangereux. Chaque année, des accidents mortels surviennent avec des taureaux de type laitier ou allaitant. 

Il n’est pas toujours évident de savoir quand inséminer une vache. Quelques informations nécessaires à connaître :

  • Les chaleurs durent en moyenne 18 heures.
  • L'ovulation se produit en moyenne 12 à 14 heures après la fin des chaleurs.
  • La durée de vie de l'ovule est de 6 heures après l'ovulation.
  • Le spermatozoïde n'est fécondant que pendant environ 24 heures après la saillie ou l'insémination.

Le meilleur moment pour faire saillir ou inséminer une vache se situe donc 15 à 18 heures après le début des chaleurs.

Un bon éleveur se doit de connaître les signes de chaleurs chez la vache pour bien détecter le début des chaleurs :

  • L'acceptation du chevauchement (à noter que dans les premiers temps la vache chevauche les autres, on parle de pré-chaleur. Puis elle se laisse chevaucher par les autres, on parle alors de chaleur réelle).
  • L'agitation de l'animal
  • La diminution de l'appétit
  • La chute de la production laitière
  • L'écoulement d'un mucus clair du vagin
  • La rougeur et la tuméfaction de la vulve
  • Le léchage, le flairage 

La plupart des exploitations réalisent des diagnostics de gestation afin de prévoir les vêlages, organiser les phases de tarissement et anticiper la production laitière. La méthode la plus utilisée actuellement est le palper rectal qui se fait entre 45 et 90 jours après l'insémination, par une personne expérimentée. Il a l'avantage de se faire tardivement et donc d'être réalisé après les cas les plus fréquents de mortalité embryonnaire ou d'avortement.

La traite

La traite représente la majorité du travail d’astreinte d’un élevage laitier. La traite a généralement lieu le matin et le soir, 365 jours par an. Il se passe en moyenne 11 heures entre la traite du matin et celle du soir. La traite est un moment important de la vie de l’entreprise puisqu’elle génère le principal revenu de l’éleveur laitier. En effet, une vache laitière française produit en moyenne 7236 kg de litres de lait par an. (Institut de l'Elevage, 2022).

Afin de limiter la contrainte de la traite bi-quotidienne, il est envisageable de :

  • Déléguer, en répartissant la traite parmi les associés ou en employant un salarié
  • Diminuer le nombre de traites, en supprimant la traite du dimanche soir par exemple ou en passant en monotraite tout ou partie de l’année
  • Mécaniser, en installant des fonctionnalités de décrochages automatiques des faisceaux trayeurs
  • Robotiser, en investissant dans un ou plusieurs robots de traite
  • Aménager l’outil de travail, en optimiser le confort et la lumière en salle de traite

Les cultures

Sont compris dans le terme « cultures » les céréales, les protéagineux, les oléagineux mais aussi les prairies qu’elles soient temporaires ou naturelles.

La SAU d’une exploitation bovin lait est constituée majoritairement d’herbe. Afin de maximiser le potentiel agronomique des sols ainsi que l’autonomie alimentaire des exploitations, la SAU est généralement constituée aussi de céréales récoltées sous forme de grains (blé, orge, …) ou récoltées sous forme d’ensilage (maïs, sorgho, …). Les rotations des cultures sont nécessaires pour enrichir la vie du sol, limiter les carences, varier le travail du sol s’il y en a.

Vous pouvez tester différents modèles de ferme sur l'outil de dimensionnement disponible gratuitement sur La Grange

Même si les éleveurs laitiers gardent la main sur les récoltes de fourrages, il est très courant de voir les fermes laitières déléguer le travail des cultures à des ETA. Ce choix est pris selon le temps de travail disponible, la trésorerie, et selon les compétences des exploitants.

🦔 Et en agroécologie ?

Évidemment, les cultures doivent toujours être pensées en synergie avec l’élevage : d’un coté, les végétaux cultivés servent aux animaux (fourrages, paille, abris, etc.) et de l’autre, les animaux servent aux végétaux (pâturage, fertilisants organiques). La réduction du travail du sol permet de préserver les sols et l’optimisation de la gestion des prairies peut améliorer le stock de matière organique et le stockage de carbone dans les terres, et de fait mieux compenser les émissions de méthane liées à la digestion des ruminants. Intégrer des haies et des arbres pour créer des abris et des zones d’ombre est également une piste de gestion agroécologique des cultures en élevage.

Le bâtiment et le matériel

Les bâtiments nécessaires en élevage bovin laitier sont :

  • Un bâtiment d’élevage
  • Une nurserie
  • Une salle de traite
  • Un hangar de stockage
  • Une fumière ou fosse à lisier

Différents types de bâtiments d’élevage sont possibles : aire paillée, logettes, sur caillebotis, avec ou sans racleur, couvert ou semi-couvert, … Les surfaces nécessaires sont de 16 m²/animal en aire paillée intégrale et 13 m²/animal en logette. Il est important de réfléchir au positionnement des abreuvoirs, de l’orientation de la table d’alimentation, de la circulation des animaux au sein du bâtiment, de la confection des marches, des ventilations, etc. Faire appel à un conseiller bâtiment est une étape indispensable pour la construction neuve et même le réaménagement d’un bâtiment existant. Le coût d’un bâtiment en aire paillée intégrale 60 places, fermé, tout équipé est d’environ 2500 € par vache.

La conception du bloc traite est primordiale dans le confort et le gain du temps de travail d’un éleveur bovin laitier. Tout doit être réfléchi : l’aire d’attente, le couloir de retour, le pont-levis, l’orientation des postes de traite, la hauteur des murs, … L’éleveur a le choix entre différents types de traite : robot de traite, traite rotative, traite par l’arrière (TPA), traite en épi, simple ou double équipement, ligne basse ou haute. Une installation de bloc traite TPA 2x8 coûte environ 160 000 €. Un roto de traite coûte environ 300 000 € pour 24 postes. Une salle de traite en épi ligne haute simple équipement coûte environ 140 000 € pour 8 postes.

Le coût moyen d’un bâtiment de stockage est de 138 €/m². Investir dans du photovoltaïque peut être une opportunité pour produire de l’énergie et ainsi limiter ses annuités ou bien en faisant appel à des investisseurs proposant des bâtiments-types.

Il est envisageable dans des situations plus rares d’élever un troupeau de vaches laitières sans bâtiment ni salle de traite fixe. Il est alors essentiel de s’équiper d’une salle de traite mobile, d’offrir une alimentation de qualité en quantité suffisante à tous les bovins laitiers, surtout en période hivernale ; et de donner accès à de l’ombre en période estivale.

Quant au matériel d’élevage, même si l’acquisition d’un tracteur paraît essentielle, chaque éleveur est libre de choisir d’investir dans tout ou partie des matériels d’élevage. En voici une liste non exhaustive : télescopique, épandeur, semoir, faucheuse, andaineur, moissonneuse-batteuse, ensileuse, remorque, bétaillère, tonne à eau, pulvérisateur, herse rotative, … Si la ferme n’est pas équipée, il est possible de faire appel à la CUMA ou bien à une ETA (Entreprise de Travaux Agricoles).

Les aspects économiques

Le choix de la filière

Devenir éleveur laitier nécessite aussi de déterminer ses débouchés de vente. Le lait de vache peut être vendu en laiterie, à d’autres exploitations, à des transformateurs et/ou transformé à la ferme.

La majorité des élevages laitiers français vend en circuits longs, c’est-à-dire auprès de laiteries. En France, près de 24 000 millions de litres de lait ont été vendus en 2020 à des laiteries. (Institut de l'Elevage, 2022) Les laiteries déterminent le prix d’achat du lait auprès des agriculteurs. En 2020, le prix du lait standard était de 348 €/1000 L. (Institut de l'Elevage, 2022) Ce prix varie selon les acheteurs et selon les caractéristiques d’exploitations (montagne, plaine, labels) : de 398 €/1000 L à plus de 520 €/1000 L. Le prix de base du lait est calculé sur un taux protéique de référence à 38 g/L et un taux protéique à 32 g/L. Selon les résultats de qualité du lait, l’éleveur peut voir sa paie de lait être valorisée ou pénalisée si ces seuils sont dépassés.

Les élevages dits “transformateurs” transforment le lait produit sur la ferme en produits laitiers diversifiés : fromage à pâte dure, à pâte molle, yaourts, faisselles, crèmes, crèmes aux oeufs, … Dans ces élevages, l’activité de transformation occupe généralement une personne à temps complet. Rares sont les exploitants qui s’occupent à la fois de l’élevage et de la transformation au quotidien. Les tâches et responsabilités sont souvent réparties entre deux personnes. L’avantage de la transformation est la transparence sur l’origine du produit, le savoir-faire artisanal, l’authenticité du goût et des saveurs. L’éleveur est alors maître de ses prix, qu’il peut ajuster en fonction de ses charges, de ses débouchés (vente directe sur les marchés, magasins de producteurs, AMAP, restauration collective, …) et de la demande des consommateurs. 

La valorisation de la viande

La viande issue des animaux de réforme et/ou des veaux et génisses peut être vendue en circuits longs (abattoirs via des marchands de bestiaux) ou en circuits courts. Il est plus aisé de travailler avec des intermédiaires tels que des marchands de bestiaux, car ils sont en contact quotidien avec les acheteurs (abattoirs, bouchers, éleveurs), connaissent les attentes des acheteurs (engraissement, gabarit, sexe des animaux) et ont la possibilité de négocier les prix en faveur de l’éleveur. En mai 2023, les prix moyens des bovins laitiers sont de :

  • 4,47 €/kg pour une réforme laitière de type P =3 de 260 à 280 kg
  • 1450 € pour une génisse de moins de 7 mois destinée aux pays tiers
  • Jusqu’à 1750 € pour une bonne génisse destinée au marché local
  • 1500 € pour une vache laitière destinée au marché local. Son prix peut monter jusqu’à 1800 e pour les très bonnes génétiques.
  • 130 euros pour un veau mâle Holstein de 50 kg

Certains éleveurs font le choix de faire naître des veaux croisés d’une race laitière avec une race allaitante. Ainsi, le prix du veau mâle peut monter jusqu’à 240 € pour des conformations U.

Les critères technico-économiques

L’Institut de l'élevage a créé un réseau de collecte de critères technico-économiques, appelé Inosys. Cela permet de déterminer des moyennes et écart-types selon les systèmes d’élevage sur de nombreux critères technico-économiques.

Les cas-types sont ainsi des fermes représentatives d’une typologie d’élevage dont le système est détaillé et analysé de manière fine. Ces cas-types sont « en rythme de croisière », ne prennent pas en compte d'investissement, ont une dimension et une organisation permettant de se libérer au quotidien avec un objectif de temps de travail annuel de 2200 heures par exploitant.

Les systèmes laitiers sont classés selon leur pourcentage de maïs dans l'alimentation des bovins ou de la présence de séchage en grange ou d'autres ateliers.

Par exemple, en Pays de la Loire en 2021, on peut citer quelques repères technico-économiques essentiels par thématique :

Dimension du système :

       Entre 1,5 à 2,4 UMO exploitants

       Entre 371 et 668 000 L de lait vendu par an

       73 à 94 ha de SAU

       65 à 72 ha de SFP

       13 à 48% de maïs dans la SFP

Quantité de travail :

       3488 h à 5786 h par an de temps de travail total

       35 à 41 h de travail d’astreinte par vache laitière par an

       1 jour de repos par semaine

       3 semaines de congés par an

Fonctionnement du troupeau :

       56 à 80 vaches présentes

       15 à 28 génisses élevées par an

       23 à 31% de taux de réforme

       6720 à 8430 L produit par vache par an

       4 % de mortalité gros bovins

       27 à 31 mois d’âge au premier vêlage

Système fourrager :

       9 à 32 ha de maïs fourrage (ensilage ou épi) à 11 tMS/ha

       35 à 56 ha d’herbe dont le rendement oscille entre 6,1 et 7,3 tMS/ha

       1,2 à 1,7 %UGB/ha de chargement

Alimentation du troupeau :

       11 à 47% de part de pâturage dans l’alimentation

       810 à 1580 kg de concentrés par bovin lait par an

       122 à 187 g/L de concentrés      

Economique :

       437 € à 454 €/1000 L de produit « lait »

       48 à 84 €/1000 L de coût alimentaire

       230 à 285 €/1000 L de marge brute laitière

       451 à 467 €/1000 L de coût de production

       153 000 à 204 000 € d’EBE lait

Les références sont disponibles gratuitement en ligne sur le site de l’Idele – Réseau Inosys, pour différentes zones géographiques. Les cas-types en Agriculture Biologique peuvent permettre d’avoir des notions technico-économiques pour des modèles plus proches de l’agroécologie.

Le salaire, le revenu

Le sujet du salaire est tabou chez les agricultrices et les agriculteurs. Il n’est pas aisé de connaître le montant des prélèvements privés d’un éleveur, tant la rémunération est plus complexe au sein d’une entreprise. Il est nécessaire d’analyser dans sa globalité plusieurs paramètres : le résultat d’exercice, le taux d’endettement, la rémunération, l’EBE, la marge…

L’Institut de l’élevage réalise des statistiques annuelles en se basant sur des fermes représentatives. Même si les revenus ont grimpé chez les éleveurs conventionnels en lait de plaine, les écarts de revenu se creusent toujours en 2022 entre les systèmes laitiers.

Le résultat courant par unité de main-d’œuvre (UMO) est en moyenne de 36 200 € chez les systèmes spécialisés en lait de plaine. Ce résultat monte à 50 800 € pour les systèmes lait et cultures de vente en 2021. Le revenu des systèmes spécialisés lait de plaine est stable depuis 2017, malgré les oscillations des matières premières. Les systèmes laitiers de montagne dégagent un résultat courant de plus de 32 000 €/UMO en 2021 grâce à la filière AOP.

Le coût alimentaire est le principal poste de dépense. Il est donc fondamental de maximiser l’autonomie alimentaire de son exploitation afin de limiter la hausse des charges.

L’avenir de la filière laitière

La filière laitière est souvent confrontée à des difficultés économiques, des attentes sociétales fortes et des enjeux techniques et environnementaux. Cela occulte souvent la réussite, la résilience et le dévouement que mettent tous les éleveurs et éleveuses de bovins dans leur métier. 

L’élevage laitier a mille visages à travers le monde. Que le lait soit produit en pâturage de montagnes ou au sein de “méga-fermes”, la production de lait de vache participe au besoin de nourrir la population grandissante. Les systèmes d’élevage mixtes (élevage + cultures) est le plus répandu en Europe. Alors que les surfaces agricoles des pays membres de l’Union Européenne se maintiennent, voire augmentent, la pratique du pâturage en France est en recul au profit de l’alimentation à base de fourrages conservés autoproduits. L’INRAE confirme la nécessité de répondre à la hausse régulière de la demande en produits laitiers, tout en répondant “aux attentes croissantes des sociétés, (...) en matière de bien-être animal. Face à ces défis, il s’agit de concilier compétitivité et durabilité”. 

Les principaux enjeux qui animent la filière laitière française sont :

  • la valorisation des veaux mâles laitiers par la voie de l’engraissement chez l’éleveur-naisseur ou la vente de jeunes bovins à un atelier d’engraissement
  • l’attractivité du métier d’éleveur, pour enrayer la diminution du nombre d’actifs agricoles
  • une empreinte carbone nette la plus raisonnable possible, en limitant les émissions de gaz à effet de serre par la baisse des intrants et par l’efficience de la production, et en augmentant le stockage du carbone par les prairies, les haies et le travail du sol raisonné.

Les éleveurs n’ont pas attendu le 21è siècle pour mettre toutes les chances de leur côté pour augmenter le revenu médian des agriculteurs au-delà du revenu moyen des Français ! Force est de constater que les agriculteurs en difficulté sont plus entendus que les éleveurs bovins qui gagnent bien leur vie et sont heureux d’exercer leur métier. Mettre à profit les compétences des élevages les plus résilients au service des agricultures plus marginalisées et moins rentables est une solution largement répandue, au travers de groupes d’échanges entre agriculteurs et de communication positive.

Ce guide a été rédigé par Eva Garre, Conseillère Indépendante pour Eva en Élevage.


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