1. Préambule sur l’apiculture
Qu’est ce que l’apiculture ?
Souvent associée à l’écologie, l’apiculture jouit d’une image très positive et “naturelle” pour une majorité d’entre nous. Cela explique en grande partie l’attirance qu’elle exerce sur de nombreuses personnes en reconversion professionnelle et/ou non issues du milieu agricole.
Cela tombe bien, car la production moyenne de miel en France est de 19 000 tonnes sur les 10 dernières années pour une consommation annuelle qui, d’après FranceAgriMer, s’élève entre 40 000 et 50 0000 tonnes. Les importations emportent donc encore une belle part du gâteau, et comme la tendance actuelle des consommateurs est de se tourner vers une agriculture française, voire locale, on peut en déduire qu’il existe une réelle opportunité pour de futurs apiculteurs et apicultrices. Car en plus du fait que le miel possède une longue conservation et peut être décliné en de nombreux produits transformés (nougat, pain d’épices, etc.), la demande pour les nombreux produits de la ruche (miel, propolis, pollen, gelée royale, cire) est bien présente ainsi que pour les produits d’élevage (essaims, reines, etc.). Ceci étant, la forte présence d’apiculteur·rices dans certains secteurs peut parfois entraîner un phénomène de concurrence sur la commercialisation.
L’apiculture se distingue des autres filières agricoles sur divers aspects dont deux notables : une représentation très importante d’amateur·rices dont l’apiculture n’est pas l’activité principale et la possibilité d’absence de foncier à acheter ou à louer. Cependant, il est important de prendre conscience de la différence entre l’apiculture de loisir et l’apiculture professionnelle. Le nombre de colonies minimum de 200 ruches pour être reconnu agriculteur·rice à titre principal est conséquent, et cette charge de travail ne s’improvise pas au quotidien (la mise en place de l’Activité Minimale d’Assujettissement (AMA) a ouvert d’autres possibilités, mais soyez patient·es les précisions vont arriver dans l’article). Il est donc facile d’idéaliser cette belle profession, mais il faut garder à l’esprit qu’elle reste une activité agricole très saisonnière, de ce fait, exigeante de la sortie d’hivernage en mars-avril à la préparation de l’hivernage suivant en septembre-octobre.
Cette précision étant faite, reconnaissons que l’attrait pour cette activité est évident tant le travail avec les abeilles est stimulant. De plus, elle offre la possibilité de se rémunérer convenablement. Les produits de la ruche bénéficient en effet d’une image plutôt positive et saine auprès du public consommateur et les produits sont assez bien valorisés. Pour ce qui est des compétences, pas d’inquiétude, de nombreuses solutions existent pour se former avant de se lancer dans cette aventure pas toujours évidente mais, passionnante.
Le temps en apiculture : une année au rythme des abeilles
Avant d’en arriver à l’activité rêvée d’apiculture et donc de récolte et d’extraction de miel, la route est longue et les activités variées ! Nous n’allons pas détailler ici toutes les tâches à réaliser sur le rucher et en miellerie mais esquisser le déroulement d’une année, qui nécessite une organisation importante afin de suivre le rythme des abeilles et des saisons.
Tout commence en février-mars à la sortie de l’hivernage avec une estimation des pertes (la moyenne des pertes en région Auvergne-Rhône-Alpes varie de 20 et 30 %) et la préparation du programme de l’année. La fin de l’hiver amènera également la fin (ou presque) de la préparation et du nettoyage du matériel : ruches, ruchettes, gaufrage des cadres, etc. Il est également temps de finir la recherche de différents emplacements qui vont permettre de bénéficier de plusieurs miellées successives et la production de miels de crus.
Puis vient la période de production, rapide et dense car regroupée en quelques semaines de mars/avril à juillet/août. Le travail sur cette période est exigeant et l’apiculteur·trice doit être réactif·ve pour être prêt·e à suivre le rythme des abeilles et surtout celui des floraisons. Une partie du temps est consacré au renouvellement du cheptel afin de compenser les pertes hivernales ou en saison augmenter le nombre de colonies. Le renouvellement du cheptel passe par la division des colonies et la création d’essaim ainsi que pour les apiculteurs·trices éleveurs·es par un élevage de reines (permettant d’effectuer un travail de sélection génétique). Il faudra être prêt à temps pour déposer les hausses, les récolter et extraire le miel rapidement une fois ramené à la miellerie.
Une fois le pic de travail de mai-juin-juillet passé et la saison de production achevée, il ne faut pas se relâcher. La saison suivante est déjà en jeu car il s’agit maintenant d’assurer une bonne mise en hivernage de ses colonies, qui dépendra essentiellement de deux facteurs : la gestion de l’acarien parasite Varroa destructor, et une quantité de réserves suffisante pour assurer le ravitaillement des abeilles d’hiver pour les cinq mois à venir.
Pour ce qui est de la lutte contre le varroa, il existe de nombreuses solutions, des traitements par de la chimie de synthèse à la lutte biotechnique (provoquant une rupture de ponte) couplée à l’utilisation d’acides organiques (oxalique principalement). Le déparasitage de la colonie n’est pas réglementairement obligatoire, mais essentiel pour maintenir les colonies en état de produire. L’absence totale de gestion du taux d’infestation du parasite conduira systématiquement à de fortes mortalités en sortie d’hiver.
Zoom sur le contrôle sanitaire des colonies
Il existe en apiculture divers ravageurs et maladies répondant à une catégorisation précise, les plus problématiques étant classées comme “Danger Sanitaire de catégorie 1”, c’est-à-dire grave en termes de santé publique ou pour les animaux, pouvant perturber les échanges commerciaux ou la capacité de production de la filière, et relève donc de la responsabilité de l’Etat.
On y retrouve :
– La loque américaine (due à Paenibacillus larvae) ;
– La nosémose des abeilles (due à Nosema apis) ;
– Les infestations dues à Aethina tumida, le petit coléoptère de la ruche ;
– Les infestations dues à l’acarien Tropilaelaps.
Pour l’intérêt général, la détection de l’un de ces organismes dans la colonie doit obligatoirement être suivie d’une déclaration aux autorités avec le déclenchement d’une mise sous surveillance du rucher (par arrêté préfectoral).
2. Devenir apiculteur et apicultrice : quels parcours et quelle formation en apiculture pour une installation réussie ?
Nous allons maintenant aborder ce long parcours qu’est l’installation. Bien que l’accès au foncier ne soit pas un problème pour cette activité, les contraintes rencontrées lors de l’installation dans d’autres filières agricoles sont belles et bien les mêmes. Il est important d’avoir en tête que le délai de l’émergence du projet à l’installation officielle (pour une installation hors cadre familial) représente environ 2 à 4 ans, et que le rythme de croisière peut parfois n’être atteint qu’au bout d’une dizaine d’années. La première étape essentielle est de découvrir le quotidien de ce métier exigeant et de se former afin de pouvoir ensuite mieux définir son projet.
Les formations en agriculture
Pour devenir apiculteur·trice aucune formation n’est obligatoire (sauf si l’on veut accéder à certaines aides présentées ci-dessous), cependant il est nécessaire d’acquérir des compétences techniques suffisantes avant de se lancer. Bien qu’il soit possible de découvrir l’apiculture (de loisir) au travers de lectures, de cours en ruchers écoles ou par la gestion de quelques ruches à la maison, un candidat à l’installation doit s’orienter préférentiellement vers un parcours qui le formera au mieux au métier d’apiculteur : formation longue et/ou une ou plusieurs saisons sur une exploitation apicole. Le développement et la gestion d’un rucher conséquent pendant plusieurs années peut également permettre une montée en compétence progressive pour qui souhaiterait basculer à terme vers une activité principale d’apiculteur·rice.
Les centres de formations offrent une diversité de solutions pour se former selon vos besoins et possibilités. Il existe des formations en apiculture longues ou courtes, en alternance, diplômante ou qualifiante qui permettent de consolider ses connaissances sur l’activité apicole et la gestion d’entreprise. Plusieurs Centres de Formation Professionnelles et de Promotion Agricole (CFPPA) proposent des formations longues telles que le BPREA Apiculture (Brevet Professionnel de Responsable d’Entreprise Agricole) qui ouvre l’accès à la Dotation Jeune Agriculteur ou le CS Apiculture (Certificat de Spécialisation). Un grand nombre de structures proposent également des formations en apiculture courtes thématiques : CFPPA, syndicats, ANERCEA, etc.
De plus, chaque région propose un accompagnement de l’émergence de votre projet professionnel à un fonctionnement en routine sur les aspects réglementaires, technique, de commercialisation, environnements de production, etc. : les Associations pour le Développement de l’Apiculture (ADA) ! Ces groupements permettent d’échanger entre apiculteurs et apicultrices et de se tourner vers des technicien·nes à votre écoute en cas de doute ou de besoins.
NB : la Capacité Professionnelle Agricole (CPA) n’est pas obligatoire pour s’installer en agriculture, elle l’est cependant pour obtenir la Dotation Jeune Agriculteur (DJA) selon certains critères. La capacité peut également être un argument de poids pour les prêts bancaires et l’accès à du foncier agricole.
Mieux définir son projet pour choisir son échelle de production
Pour devenir apiculteur, la construction de votre projet passe par plusieurs étapes. La première est de définir le plus précisément possible :
- Ce que vous voulez (type de productions, transformation, travailler seul, etc.) ;
- Ce que vous ne voulez pas (passer du temps pour la commercialisation, porter des ruches, etc.) ;
- Ce que vous avez déjà (compétences, matériel, cheptel, etc.).
La localisation de votre projet imposera également des contraintes à prendre en compte. Pour ce qui est des ressources alimentaires en nectar et pollen pour les colonies par exemple, si elles ne sont pas abondantes et diversifiées tout au long de l’année, les périodes de disette vous pousseront sûrement à déplacer ou à nourrir vos colonies. De plus, les possibilités de commercialisation, la présence de concurrence et l’accès aux axes routiers seront aussi à prendre en compte.
Une fois les grandes lignes du projet définies, il vous faudra ensuite passer par :
- L’élaboration de votre stratégie de développement de cheptel ;
- La construction de votre calendrier d’installation, de formations et d’investissements ;
- La création d’une étude de marché pour déterminer vos circuits de commercialisation ;
- Le chiffrage de votre projet et les financements possibles.
Choisir ses statuts juridiques
Pour créer ou reprendre une activité agricole et notamment pour devenir apiculteur, il vous faudra choisir votre statut social, juridique et fiscal. Ces statuts vont dépendre du dimensionnement de votre activité, d’où l’importance de bien le mettre en chiffre auparavant. Voici quelques éléments de base sur ces statuts.
→ Le statut social dépend du nombre de ruches, du revenu tiré de l’activité et du temps de travail. C’est une combinaison de ces trois facteurs qui déterminera votre affiliation à la Mutualité Sociale Agricole. Cependant voici quelques généralités :
- Si vous avez moins de 50 ruches vous êtes considéré·e plutôt comme un·e apiculteur·rice amateur·trice, vous êtes alors assuré·e par la couverture sociale de votre profession principale,
- Entre 50 et 200 ruches, vous serez cotisant·e solidaire. Ce statut permet entre autres d’être assuré·e en cas d’accident lié à votre activité apicole. Le montant de la cotisation dépendra du nombre de ruches (comptez entre 300 et 500·€ par an),
- Au-delà de 200 ruches vous serez considéré comme chef·fe d’exploitation, le montant de la cotisation se fera alors sur le bénéfice agricole. Elle peut s’élever à environ 3000 € par an (parfois plus ou moins selon les projets). Ce statut vous permet notamment de cotiser pour la retraite, de bénéficier du service de remplacement et des congés parentaux.
Chaque projet étant différent, le mieux est de prendre contact avec la MSA pour savoir quel statut vous conviendra le mieux. En effet, si vous avez entre 50 et 200 ruches et que vous souhaitez avoir le statut de chef·fe d’exploitation, il est possible de prendre en compte le temps de travail (si > 1200h par an) et/ou votre revenu prévisionnel (si > à 800 SMIC). Ceci dans l’objectif de déterminer votre Activité Minimale d’Assujettissement (AMA) et donc votre affiliation à la MSA.
→ Le statut juridique que vous allez choisir pour devenir apiculteur peut prendre différente forme et sera encore une fois à choisir en fonction du dimensionnement de votre activité. Les différents statuts qu’on retrouve en apiculture sont les mêmes que pour d’autres activités agricoles : l’Entreprise Individuelle (EI), l’Entreprise Agricole à Responsabilité Limitée (EARL), la Société à Responsabilité Limitée (SARL), la Société Civile d’Exploitation Agricole (SCEA), le Groupement Agricole d’Exploitation en Commun (GAEC), etc. Le statut d’Entreprise Individuelle reste le format le plus simple pour démarrer une activité, à savoir qu’il est ensuite possible d’évoluer dans les statuts au fur et à mesure de l’évolution de l’activité.
→ Le statut fiscal va dépendre du statut juridique choisi mais aussi de la taille de son exploitation et des perspectives de développement envisagées. Sans rentrer dans le détail, ce qu’il faut retenir est que le régime fiscal correspond au mode d’imposition de l’entreprise. Comme tout agriculteur·trice il s’agira de choisir entre le micro BA ou le réel. La spécificité du micro BA est que le bénéfice imposable est égale à la moyenne des recettes hors taxes des 3 dernières années diminuées d’un abattement de 87% (mais possible uniquement si elle ne dépasse pas 85 800 € HT actuellement). Ce régime est particulièrement intéressant pour des activités agricoles où la marge est relativement élevée, ce qui est souvent le cas en apiculture.
S’installer sur une ferme collaborative en tant qu’apiculteur ou apicultrice ?
C’est possible et cela réjouira les maraîcher·ères et arboriculteur·rices de la ferme qui verront vos abeilles polliniser leurs précieux végétaux ! Et inversement vous pourrez collaborer avec eux et elles pour vous assurer que vos abeilles disposent des ressources mellifères nécessaires.
Découvrez le portrait de la Fermes des Clos, une ferme collaborative qui produit du miel de qualité !
Se déclarer apiculteur ou apicultrice
Quel que soit le nombre de ruches que vous possédez, vous êtes dans l’obligation de les déclarer sur le site du Ministère de l’Agriculture entre le 1er septembre et le 31 décembre, et cela chaque année. Suite à cette déclaration, vous obtiendrez votre numéro d’apiculteur (le NAPI), numéro qui devra figurer sur votre rucher selon des critères bien précis. Cette obligation permet d’avoir un meilleur suivi du cheptel apicole français notamment au niveau sanitaire.
Pour officialiser sa création d’activité professionnelle, une fois les statuts choisis, vous devrez également faire la demande d’un numéro de SIRET auprès d’un Centre de Formalité d’Entreprises (ce numéro n’est obligatoire que dans le cas de distribution ou vente de produits de la ruche en dehors du cercle familial). Ce dernier, lieu unique de déclaration d’une activité agricole, a pour but de simplifier les formalités administratives liées à la création ou à la reprise d’une exploitation agricole. En un seul dossier vous pourrez déclarer votre entreprise :
- au centre des impôts et choisir votre régime de TVA et votre régime d’imposition,
- à la MSA en tant que cotisant·e solidaire ou chef d’exploitation,
- à l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) pour obtenir votre code APE, ainsi que vos numéros SIREN et SIRET,
- à l’EDE (Etablissement Départemental de l’Elevage) pour les éleveurs,
- au greffe du tribunal si vous créez ou modifiez une société.
‼️ La déclaration au CFE ne vous dispense pas d’une déclaration plus complète à la MSA qui permettra de déterminer l’importance de votre activité et donc l’obtention ou non du statut d’agriculteur. Cette déclaration vous sera envoyée directement quelque temps après votre inscription au CFE.
3. S’installer en apiculture : combien gagne un apiculteur et combien ça coûte ?
Les investissements et charges
Il existe des références technico-économiques pour les exploitations apicoles notamment grâce au travail de l’Institut Technique et Scientifique de l’Abeille et de la Pollinisation (ITSAP) et du Réseau d’Exploitations de Référence.
Listons cependant ici les principaux investissements à prévoir, les besoins en bâtiments et les postes de charges.
- En ce qui concerne le matériel, pour débuter comptez environ 100 000 € hors bâtiments. Il s’agira de s’équiper en matériel d’extraction, de mise en pot et de manutention, de transport de ruches ainsi qu’en matériel “bois” (ruches, hausses, ruchettes et tout autre matériel d’élevage).
- Il sera également nécessaire de prévoir un bâtiment (comptez environ 1 m² par ruche en production) avec une zone d’extraction du miel, un espace pour la transformation, une zone de stockage pour le miel en fûts et une pour le matériel en bois.
- Les principales charges concernent : la conduite du cheptel (produits de nourrissements, fournitures, petit équipement d’élevage, etc.) ; la transformation (ingrédients), la commercialisation, le matériel (amortissement du matériel cité plus haut, du véhicule, carburants, etc.), les bâtiments (location par exemple), le foncier, la main-d’œuvre (salaires et charges MSA) et bien d’autres charges encore.
Quelles aides existent en apiculture ?
Il existe différentes aides pour s’installer en apiculture en tant que chef·fe d’exploitation tout comme en tant que cotisant·e solidaire.
À partir de 50 ruches, il est possible de toucher les aides apiculture de FranceAgriMer.
- L’aide à la transhumance (pour le matériel),
- L’aide au maintien et au développement du cheptel (pour le coût d’achat de matériel d’élevage et d’essaims et de reines).
À partir de 72 ruches, il est possible de toucher l’aide apiculture MAEC, une aide issue du second pilier de la PAC. La contrepartie demandée est un engagement durant 5 années à mener selon un cahier des charges établi. Cette aide s’élève à 21 € par ruche, avec un plafond du nombre de colonies engagées qui est variable d’une région à l’autre.
À partir de 200 ruches vous aurez le statut de chef·fe d’exploitation, il est alors possible de demander une aide à l’installation (nationale ou régionale). L’aide nationale, la Dotation Jeune Agriculteur (DJA), concerne les personnes de moins de 40 ans ayant la Capacité Professionnelle Agricole (CPA) et va de 10 000 à 40 000 € selon le lieu et le projet. L’aide régionale varie selon les régions, en Hauts-de-France par exemple, il s’agit de l’ARSI qui peut s’élever à 12 000 €.
Il existe un crédit d’impôt pour la certification en Agriculture Biologique (3500 € par exploitation et par an) ainsi qu’une aide prenant en charge les coûts des 2 premières années de certification.
Combien gagne un apiculteur ?
Le rendement moyen en miel peut énormément varier selon l’année, la disponibilité en ressources mellifères, le niveau d’expérience de l’apiculteur·rice, la conduite des colonies, etc. Pour prendre en compte cette variabilité (facteur de 1 à 5 selon les années et les miellées !) et afin d’établir un plan de développement économique de son activité, il est généralement conseillé de partir sur un rendement compris entre 10 et 20 kg de miel par colonie de production.
Les aléas climatiques peuvent avoir de lourdes conséquences sur le développement de vos colonies ainsi que sur la production annuelle ! L’année 2019 par exemple fut désastreuse pour la grande majorité des apiculteurs avec une période de disette printanière, entraînant une perte de production, voire même, une obligation pour les apiculteurs·trices de nourrir leurs colonies pour éviter des mortalités.
La question que l’on se pose forcément, c’est combien gagne un apiculteur ou une apicultrice. Au fond de vous, vous connaissez déjà un peu la réponse : ça dépend ! Cela dépend si vous êtes à votre compte ou salarié·e, cela dépend du marché local et de la taille de votre exploitation et cela dépend du montant de vos charges. D’après l’INSEE, le salaire moyen d’un apiculteur en 2016 est de 1 990 € brut par mois. Mais cela reste une moyenne. On considère qu’un·e apiculteur·trice doit avoir environ 300 ruches en production par personne, pour qu’une exploitation qui produit principalement du miel vendu en pots (1/2 gros et/ou vente directe) soit viable économiquement c’est-à-dire pour en tirer un SMIC.
4. Conclusion
Vous l’aurez compris, il est compliqué de vous apporter des chiffres clairs et précis (en un article comme en cent) pour prévoir votre installation : chaque projet est unique et par conséquent les chiffres très variables selon vos choix.
Ce qu’il est important de garder en tête avant de vous lancer, c’est que l’image souvent idéalisée de cette profession nécessite d’être éprouvée à la réalité des exigences professionnelles et des aléas environnementaux fréquents. Il est essentiel d’acquérir des compétences techniques et de l’expérience car ce métier requiert de plus en plus de technicité : lutte contre le varroa, nécessiter d’être en capacité de renouveler et maintenir un cheptel sain et performant, réagir au mieux en cas d’absence de miellée ou de disette, etc.
Ne vous inquiétez pas, des apiculteurs·trices expérimenté·e·s et des structures d’accompagnement sauront vous guider dans ce projet stimulant d’installation en apiculture.
Quelques ressources utiles…
👩💻 Des sites internet :
- Site officiel pour toutes les démarches pour déclarer son rucher
- La fédération nationale des Associations pour le Développement de l’Apiculture
- Le site du Groupement des Producteurs de Gelée Royale
- Le site internet des différentes Associations pour le Développement de l’Apiculture dont les missions principales sont de :
- Développer la technicité et l’autonomie de la filière apicole,Susciter, encourager et accompagner les projets de développement et d’installation apicoles,
- Sensibiliser sur les enjeux apicoles dans l’objectif de maintenir un environnement favorable à l’abeille,
- Représenter la filière régionale auprès des structures agricoles et des services administratifs.
📚 Des livres :
- Traité Rustica de l’apiculture détaillant avec précisions la conduite d’une ruche au cours de l’année
- Élevage des reines de Gilles Fert pour celles et ceux qui s’intéressent aux différentes étapes de l’élevage (choix de la race, méthodes d’élevage, production de gelée royale)
- Maladies des abeilles de Samuel Boucher
🎥 Des chaînes YouTube expliquant en détail certaines pratiques apicoles :
Petit lexique…
- Cadre = cadre, souvent en bois, au milieu duquel la colonie construit un rayon de cire qui sera rempli par du couvain, du miel, ou du pollen.
- Cheptel = terme agricole, ensemble des animaux d’élevage (donc ici ensemble des abeilles) d’une exploitation agricole ou plus largement d’une région ou d’un pays.
- Colonie = groupe de nombreuses abeilles qui vivent et travaillent ensemble dans une ruche.
- Couvain = ensemble des œufs et des larves d’abeilles, couvés par les ouvrières.
- Enfumoir = outil de l’apiculteur qui produit de la fumée dans le but de prévenir les piqûres d’abeilles.
- Essaim = groupe d’abeilles qui cohabite ensemble, avec ou sans la présence de reine.
- Essaimage = départ de la reine et d’une partie de la population de la ruche, pour démarrer une nouvelle colonie.
- Gelée royale = substance sécrétée par les abeilles nourrices pour nourrir les jeunes larves entre leur premier et troisième jour, mais surtout la reine pendant son développement larvaire et toute sa vie.
- Miéllée = période pendant laquelle les butineuses récoltent le nectar ou le miellat.
- Propolis = résine végétale utilisée par les abeilles pour colmater l’intérieur de la ruche. Elle est récoltée pour ses propriétés anti-infectieuses.
- Reine = seule abeille femelle de la ruche disposant d’un système reproducteur entièrement fonctionnel. Sa durée de vie est en principe de 5 ans.
- Rucher = ensemble de plusieurs ruches sur un même emplacement.
- Varroa destructor = acarien de l’abeille arrivé en Europe au début des années 1980.