Au sommaire…
- La forêt en France, une richesse gérée depuis l’Antiquité
- Les enjeux de la gestion forestière
- Les problématiques actuelles de la gestion forestière
- Pourquoi investir dans un GFF ?
La forêt en France, une richesse gérée depuis l’Antiquité
Les richesses de la forêt
En France, la forêt est à la base d’une chaîne de valeur écologique, économique et sociale importante
- 17 milliards d’hectares de forêt, 31% du territoire ;
- 4e pays d’Europe en surface de forêt ;
- 190 essences d’arbres différentes (dont le chêne, le hêtre, le pin et l’épicéa parmi les principales).
La forêt rend de nombreux services écosystémiques essentiels :
- la régulation du climat ;
- la qualité de l’eau et de l’air (la forêt jouant un rôle de filtre naturel) ;
- des réservoirs de biodiversité ;
- la qualité des sols ;
- l’activité économique directe (Aujourd’hui filière forêt/bois et transfo du bois représente près de 440 000 emplois sur le territoire) ;
- des lieux de loisirs et de tourisme (développement économique indirect).
Historique de la gestion forestière en France
La gestion forestière, et plus globalement l’impact de l’homme sur les forêts en France métropolitaine, remonte à bien longtemps. Dès l’époque gallo-romaine, on crée les premiers cadastres et des plans de défrichements pour construire les réseaux de routes romaines notamment.
Pendant la période du Moyen Âge, la surface boisée diminue avec une tendance régulière, car la croissance démographique implique d’augmenter la production alimentaire, et donc de défricher pour avoir plus de parcelles agricoles, mais aussi de prélever plus de bois de chauffage.
Le début de la gestion forestière institutionnelle date de Philippe Le Bel en 1291 avec la création de l’administration des Eaux et Forêts, mais pendant longtemps les forêts françaises restent encore surexploitées sans aucune réglementation.
Un premier “code forestier” est instauré par Philippe VI de Valois en 1346, face au constat que les réserves de bois diminuent fortement, en raison de la croissance démographique. Par une ordonnance de 1349, Philippe de Valois donne à des forestiers la mission de garantir la durabilité et la soutenabilité de l’exploitation forestière.
De 1600 à 1800, la diminution de la superficie des forêts s’accélère avec les besoins croissants de développement : le bois est à la fois combustible, matériau de construction pour les bâtiments mais aussi pour les navires marchands et militaires…
Malgré une ordonnance datant de 1669 rédigée sous l’impulsion de Colbert, visant à assurer la pérennité de l’activité sylvicole en protégeant et en restaurant les ressources forestières, la forêt française atteint son minimum historique en superficie après cette période d’exploitation croissante, à l’aube de la révolution industrielle.
Au cours du XIXe siècle, la mise en place d’un nouveau Code Forestier (1827), la transition vers l’usage du charbon et le recul des surfaces d’exploitation agricole expliquent l’inversion de la tendance. Depuis, le stock de bois de la forêt française métropolitaine a doublé. Elle représente désormais près de 31 % du territoire et continue de s’accroître par expansion naturelle.
On voit donc que la gestion forestière est intimement liée au rythme économique et social.
La variété des forêts en France
La répartition des forêts sur le territoire est variée en surfaces et en espèces. Elles sont composées à 71% de feuillus et 29% de résineux.
On trouve davantage de forêts en montagne, en milieu accidenté où il est difficile de faire de l’exploitation agricole.
Selon les régions, on trouve également plutôt des forêts monospécifiques (1 espèce majoritaire) ou des forêts avec de plus grandes diversités d’essences.
L’introduction de nouvelles essences sur le territoire a d’abord été liée à des objectifs d’ornements ou scientifiques, lors des retours de naturalistes et de voyageurs partis dans d’autres régions du monde.
Puis plus tard on a introduit des espèces nouvelles pour reboiser avec des essences qui se sont très bien adaptées.
Les essences dont le volume croît le plus en France aujourd’hui sont d’abord les chênes nobles (pédonculé, sessile) qui sont indigènes, et en 2e position le pin douglas, importé d’Amérique du Nord dans les années 60 pour ses propriétés de construction.
Les enjeux de la gestion forestière
Le changement climatique
La forêt peut être un outil de lutte, un bouclier, mais elle est également très fragile et peut souffrir fortement d’un changement trop rapide. Les écosystèmes mettent du temps à s’adapter, et certaines essences en subissent déjà les effets. Par exemple, le hêtre et le chêne pédonculé sont très sensibles à la hausse des températures et des études sont en cours pour prévoir le remplacement progressif par des essences plus résistantes, menées notamment par l’ONF (Office National des Forêts).
Le stockage de CO2
La forêt française représenterait 2,6 milliards de tonnes de CO2 stockées, et 80 Millions de tonnes de CO2 supplémentaires sont absorbées par la forêt chaque année (augmentation de la surface forestière : la forêt grandit, le volume de bois est plus important donc davantage de CO2 stocké chaque année sous forme de bois/biomasse)
Le maintien de la biodiversité
80% de la biodiversité terrestre vit en forêt (estimation au niveau mondial, voir rapport FAO – Global Forest Resources Assessment 2020).
En effet, la plupart des forêts forment des écosystèmes plus divers que d’autres types de milieux naturels (arbres, plantes, animaux, insectes, champignons et tous les microorganismes vivant dans les milieux forestiers…). Il faut considérer cette biodiversité à plusieurs niveaux : écosystèmes, paysages, espèces, populations et variétés génétiques de tous ces êtres vivants, dont les interactions complexes permettent une adaptation aux évolutions de conditions environnementales.
Et pourtant la déforestation et les dégradations des milieux forestiers sauvages se poursuivent à une vitesse inquiétante, contribuant de façon significative à la perte de biodiversité au niveau mondial.
La gestion durable en alternative à la gestion industrialisée
La gestion industrialisée consiste à faire de la plantation d’arbres sur une parcelle et à récolter toute la parcelle environ 40 années après (selon les espèces bien sûr). On détruit donc toute la forêt d’un coup sur cette parcelle.
La prise de conscience de plus en plus forte de l’intérêt de maintenir des écosystèmes forestiers soutient le développement d’une gestion plus durable de la forêt, c’est-à-dire de couper des arbres dans une logique d’entretien et de préservation. Ne pas faire de coupes rases permet donc à un écosystème de se construire sur le long terme dans la forêt ainsi gérée.
À la date d’écriture de cet article (mars 2022) ces sujets se retrouvent dans l’actualité très récente. Le dernier rapport du GIEC mentionne les impacts et la vulnérabilité des écosystèmes, les pistes d’action notamment sur la biodiversité et le vivant, dont les forêts. On y retrouve une mise en garde de l’accroissement des feux de forêts partout dans le monde. (sécheresses des sols, fragilisation de la biomasse). Les grands incendies de forêts liés aux sécheresses successives sont d’autant plus inquiétants qu’ils libèrent le CO2 stocké par la biomasse forestière. Miser sur la plantation d’arbres pour stocker du CO2 est-il toujours une bonne stratégie ? Cela ne doit pas se faire n’importe comment.
Il est donc important de diversifier les essences et d’avoir une gestion plus durable des forêts, afin de développer la résilience du milieu forestier.
Les assises de la forêt se sont également déroulées au mois de mars 2022, et s’il reste des sujets soumis à discussion, 2 points font consensus parmi les participants :
- les forêts diversifiées sont plus résilientes, il faut donc encourager le développement de forêts plus riches et diversifiées ;
- il faut aller vers un usage moins mono-activité de la forêt, ne pas la voir uniquement comme un lieu de production industrielle du secteur du bois (voir également les attraits touristiques, les réservoirs de biodiversité…).
Les problématiques de la gestion forestière
Le morcellement des parcelles, un énorme enjeu de la gestion forestière française
75% de la surface de forêt est privée et détenue par 3,3M de propriétaires (précision : “forêt privée” ne veut pas dire interdite au public, mais détenue et gérée de façon privée). Les autres 25% sont détenus par l’État (forêts domaniales) ou les collectivités locales, et sont gérés par l’ONF.
Qui sont ces propriétaires privés ?
- de petits propriétaires (+ de 2 millions ont moins de 4 ha de forêt) des familles, des groupements forestiers (succession en indivision). Des personnes plutôt âgées qui ont hérité de leurs forêts, ou qui ont décidé pour constituer un patrimoine d’investir dans la forêt ;
- quelques industriels (groupe Dreyfus, Lactalis, Dassault, etc.) qui ont investi pour avoir un placement de long terme (plusieurs milliers d’hectares chacun) ;
- des banques, des assurances pour avoir des placements sûrs, de parfois plusieurs centaines d’hectares.
Un grand nombre de propriétaires possède donc des parcelles très petites (moins de 4ha), souvent divisées et re-divisées au fil des successions.
Aujourd’hui on met en place des chartes forestières pour une meilleure gestion des forêts, sur certaines communes, dans les parcs régionaux, mais ces politiques sont non contraignantes, pas de réglementation qui interdise les coupes rases par exemple.
Le prix du foncier selon les zones géographiques
Le prix de l’hectare de forêt varie énormément sur le territoire, selon les circonstances et l’emplacement. Par exemple :
- Une forêt de montagne, difficilement accessible avec peu de possibilité d’exploitation : 1000€/ha ;
- Une forêt en monoculture (pin douglas) facile à atteindre et à exploiter, proche d’une ville :
15 000 à 20 000€ /ha.
L’estimation moyenne se situe aux alentours de 3500 à 4000€, pouvant varier selon la qualité du sol et le peuplement (volume, type de bois, quantité et qualité) ;
Une option possible dans les zones de prix élevés : racheter une parcelle suite à une coupe rase. En effet, la parcelle sera beaucoup moins chère du fait de l’absence de “stock” de bois valorisé. Cela permettrait alors de pouvoir replanter de façon diversifiée. Un propriétaire forestier qui a fait une coupe rase a une obligation de replanter. Coût de replantation estimé : 4000 à 6000€/ha (source : the-forest-time.com).
Pourquoi investir dans un GFF ?
Il existe des GFF portés par des motivations diverses :
- volonté de mobilisation et de protection : par exemple dans le Morvan, où des zones de forêts ont été remplacées par des parcelles de plantation d’arbres suite à des coupes rases, des citoyens s’engagent et investissent dans des forêts pour les préserver ;
- volonté d’investissement : pas forcément d’objectif de faire de la gestion durable sur l’ensemble de la parcelle. Cela peut être un produit financier avant tout, avec une promesse de rentabilité liée à l’exploitation du bois.
Avant d’investir dans un groupement foncier forestier il faut donc savoir pour quelle raison/motivation on le fait, ce qu’on cherche et ce que l’on veut éventuellement défendre avec son épargne.
Si votre motivation est celle de la sauvegarde il existe de nombreuses solutions pour préserver la forêt. Quelques exemples :
- ASPAS (association pour la protection des animaux sauvages) : l’association a pour objet d’agir pour la protection de la faune et la flore, la réhabilitation des animaux sauvages et la préservation des milieux naturels en général. Elle met en place des “Réserves de Vie Sauvage”, des espaces naturels préservés de certaines activités humaines jugées négatives pour la faune, la flore et les écosystèmes (chasse, pêche, cueillette, camping, etc.).
- Association Francis Hallé : à l’initiative du botaniste Francis Hallé, cette association agit pour la création d’un vaste espace de dimension européenne et de grande superficie – environ 70 000 hectares – dans lequel une forêt intacte évoluera de façon autonome, renouvelant et développant sa faune et sa flore sans aucune intervention humaine, et cela sur une période de plusieurs siècles. Il s’agit de reconstituer une forêt primaire de grande ampleur en Europe de l’Ouest. (définition du Larousse : forêt vierge ou forêt primaire, formation ayant évolué sans aucune intervention humaine.) Il n’y aurait plus (ou presque ? Source : centre-sciences.org/ressources/ou-peut-trouver-une-foret-primaire-en-france ) de forêt primaire en France métropolitaine et l’objectif est d’en recréer une au niveau européen.
- Cerf Vert : investir dans un GFF ayant une approche citoyenne, une gestion forestière et une activité d’exploitation durable.
Les principes de Cerf Vert
Une gestion respectueuse du vivant :
- limiter l’impact au sol lors de la récolte du bois (tracer des pistes de débardage, le tracteur qui vient sortir les grumes ne passant ainsi que sur un seul chemin) ;
- favoriser la diversité des essences, et donc tous les écosystèmes associés (deux essences d’arbres différentes ne vont pas favoriser le développement des mêmes types d’insectes, champignons, etc…).
Une sylviculture raisonnée :
- les choix de gestion et de récolte sont avant tout motivés par la recherche de qualité de la forêt ;
- on ne coupe pas un arbre sur commande, mais parce qu’on fait de la place/ de la lumière, qui peut être bénéfique sur cette zone ;
- on laisse du bois mort dans la forêt (jusqu’à 15/20%) ce qui permet encore de développer des écosystèmes et de favoriser la biodiversité.
Un projet ancré dans le territoire et participatif :
- l’objectif est de créer des branches locales, avec des associés qui développent le réseau localement, avec d’autres associations locales partenaires ;
- participative : les associés locaux vont visiter la parcelle, et participent au choix de gestion, ainsi qu’aux inventaires forestiers ou de biodiversité.
Pour approfondir le sujet, visionnez notre webinaire en replay avec Cerf Vert. Vous y trouverez des informations complémentaires !